On en parle: Covid-19

23.03.2020

Idée répandue dans notre pays : "Je n'ai pas peur du coronavirus, alors je change rien." Nous avons survécu à Ébola, donc le Covid-19 ne peut pas nous faire peur.

Certes, nous avons survécu à l'épidémie Ébola, mais avec beaucoup de difficultés et plusieurs morts dans les pays de l'Afrique de l'Ouest. Ceci devrait nous inciter à réfléchir et ne prendre aucun virus à la légère.

C'est probable que j'attrape le virus. C'est aussi probable que ça ne sera pas très grave, je suis jeune et en bonne santé. Après tout, ce n'est pas par hasard que je suis noir, mon système immunitaire est résistant et dur comme fer. Mais même le fer rouille à un certain moment.

Par contre, si je continue à sortir et me déplacer comme si de rien n'était, je participe activement à aggraver le problème à l'échelle de la société.

Le vrai enjeu derrière les mesures de restrictions est d'étaler les contagions dans le temps, freiner les cas communautaires (qui sont plus difficiles à contrôler) pour ne pas dépasser la capacité des hôpitaux. Des hôpitaux dont la situation est pourtant très peureuse en temps normal. Si on ne change rien, on va tous être malades en même temps et notre système de santé ne pourra pas suivre. Elle a du mal déjà sans aucune pandémie. Or, nous savons tous que soignants dépassés est synonyme de plus de morts.

Parce que chez les personnes âgées et celles ayant un système immunitaire fragile, le COVID-19 tue, plus rapidement qu'on le pense. Ces raisons devraient nous pousser à nous tenir tranquilles (et surtout, chez-soi au maximum).

J'essaie de ne pas tomber malade pour ne pas diffuser le virus et éviter de noyer davantage les soignants. D'ailleurs, comme le souligne l'épidémiologiste Marc Lipsitch, chaque semaine, on en sait plus sur les médicaments qui sont efficaces pour traiter la maladie. À choisir, il vaut mieux attraper le virus dans quelques mois que maintenant.

Si la situation se calme en Chine, c'est parce qu'ils ont adopté, aussi bien le gouvernement que les individus, des mesures radicales et adéquates pour stopper la contagion.

D'ailleurs, hors de Chine, les pays où l'épidémie est contenue sont ceux qui prennent des mesures drastiques (notamment quarantaine et dépistages massifs). Dans notre pays, où la superstition est plus forte que la science, les réalités religieuses, souvent fantaisistes, nous empêchent de prendre la mesure de l'enjeu. L'accroissement du nombre de cas par jour nous pousse ainsi à chercher, non pas des moyens scientifiques et rationnels pour le stopper, mais des poils dans le livre saint, pour s'immuniser définitivement de ce virus "made-in-China".

En plus, nous sommes des croyants. Dieu va nous protéger de ce virus. Donc, on va continuer à prier dans les mosquées, même s'il faut nous regrouper pour ça. Or, le regroupement est fortement déconseillé dans ces temps-ci. Que faut-il faire alors ? Suivre la science, les prescriptions étatiques et prier chez-soi ? Bon, certains choisissent de suivre leur raison, si raison y en a, à continuer de se regrouper parce que la foi a ses raisons que la raison ignore ou s'en fout. Sommes-nous plus croyants que les habitants de la Mecque ? J'en doute. Ne confondons pas l'idolâtrie à la religion. C'est clair, je ne suis pas un "technicien de la religion" pour donner des conseils religieux, mais nous sommes tous sans ignorer que Dieu nous interdit de propager notre malheur. Alors, partageons notre joie.

En Lombardie (Italie), les hôpitaux débordés ont mené à un taux de mortalité exceptionnellement élevé. On espère ne pas les rejoindre, mais si on ne prend pas des mesures radicales dès aujourd'hui, le gouvernement, mais aussi chaque individu, rien n'est sûr.

Le confinement est essentiel au début d'une épidémie, ou au moins, la réduction des déplacements non nécessaires. Le ralentissement du taux d'infection signifie que le nombre de personnes qui sont malades en même temps ne dépasse pas la capacité du système de santé. Je souhaite que plus de gens comprennent l'intention des mesures de restriction. C'est pourquoi, je fais ce que je peux pour ne pas être infecté. Je me lave soigneusement les mains, beaucoup plus souvent que je ne le devrais. Je ne touche pas mon visage et je connais les symptômes et la fréquence de chacun d'eux.

Sur ce, je vais me faire un thé en me faisant à l'idée de rester chez moi les prochaines semaines. La maladie est déjà une réalité, respectons les mesures pour notre bien.